Histoire - 2ème partie (b)

Deuxième décennie – de 1979 à 1991

b) de 1985 à 1991

Par Jean-Claude Lebrun


Souvenirs

Lorsqu’en janvier 1985, le nouveau comité des Natus me désignait pour succéder à Pierre Limbourg, j’avoue avoir hésité à assumer cette fonction. Mon parcours de non scientifique me laissait indécis mais, en tenant compte de tout ce que cette association m’avait apporté au cours des cinq années précédentes, je n’ai pas osé refuser. Il est vrai que je pouvais compter sur une équipe solide et solidaire qui pouvait me seconder.


Maurice Evrard, membre fondateur, faisait déjà figure de sage et s’est occupé pendant ces sept longues années de la rédaction et de l’impression des Barbouillons. Ce n’était pas une sinécure. Tous les rapports d’activités devaient être retapés avant d’être imprimés sur une machine offset qui trônait, encombrante, dans le bureau de Chanly. Les ordinateurs et le traitement de texte n’apparaîtront qu’en 1989. L’assemblage des feuillets, réalisé par une petite équipe, entraînait tous les deux mois un marathon autour de la table de Loulou qui surveillait si les adresses manuscrites correspondaient aux fiches cartonnées quelque peu défraîchies pour les anciens membres ! Tâche certes, mais aussi lieu d’échanges où de belles amitiés se sont nouées. Arlette Gelin était déjà une habituée du fonctionnement de l’association puisqu’elle avait participé avec Paul aux comités précédents. Baudouin Demblon avait repris la charge de trésorier qu’il assurera pendant deux années supplémentaires. Les bilans annuels étaient rapidement dressés car les subsides étaient bien maigres et la caisse des Natus ne pouvait compter que sur leurs cotisations. Quant au secrétariat, il était tenu par Bruno Marée. Sa plume, trempée dans l’encrier de la remise en question, fut bien utile pour mener les combats environnementaux qu’il poursuivra pendant vingt-cinq ans avec l’énergie et la ténacité qui le caractérisent. Il fut secondé pendant deux ans par Patrick Van der Smissen puis par Jacques Dupuis. Pendant six ans, Marc Paquay, a été le pilier, la référence, le vrai naturaliste qui, fort de ses observations ornithologiques, les étendait déjà à de nouvelles disciplines : mycologie, botanique, entomologie… Il se lançait dans l’étude et la rédaction d’un inventaire sur les oiseaux nicheurs de Famenne. Les statuts des Natus précisant que le comité devait être formé au moins d’une femme et au moins d’un jeune de moins de trente ans, d’autres bénévoles ont accepté d’apporter régulièrement du sang neuf au sein des administrateurs. C’est ainsi que Geneviève Tichon, Maggy Penne, Patrick Van der Smissen, Michel Herygers, Pierre Chanteux (futur trésorier), Jacques Dupuis (futur président) et Jean-Luc Son ont apporté, certaines années, leur collaboration bienvenue et efficace au cours de ce septennat.


LES ACTIVITÉS DE JANVIER 1986 À DÉCEMBRE 1991

En moyenne, 50 à 60 activités ont été organisées chaque année pendant ces sept années. Le record se situe avec 70 rendez-vous en 1987. Après vingt ans de découvertes de leur territoire, les Natus ont diversifié les sorties de terrain, tantôt en observant l’évolution d’un site, tantôt en découvrant de nouveaux lieux ou de nouvelles thématiques. Lors des activités générales, les participants n’hésitaient pas à parcourir des distances de 15 à 20 kilomètres pour s’initier aux sciences naturelles et découvrir les environs proches ou lointains de la haute Lesse. Ce terme de géographe réservé au bassin d’une     rivière va se transformer en Haute-Lesse, une région à part entière. Les Natus ne sont pas étrangers à cette nouvelle acception du terme ! Les sorties d’équipes favorisaient un travail plus scientifique et étaient gérées directement par le responsable qui proposait au comité un calendrier de sorties.


L’habitude de rédiger des fiches techniques s’est évidemment poursuivie. Pas moins de 27 fiches s’ajouteront au 50 existantes. En une ou deux pages, elles offraient au lecteur un résumé sur des sujets évoqués au cours des sorties. La plupart traitaient d’histoire, de botanique ou de biologie en général.


Les rapports des sorties de l’équipe botanique dirigée par Pierre Limbourg, paraissaient en fin d’année sous une forme simplifiée qui mettait en évidence les espèces plus rares. Certaines excursions d’initiation détaillaient les observations réalisées sur le terrain. Les « cahiers de l’équipe botanique » proposaient des études complètes sur les sites riches en biodiversité. Chaque année, ce groupe organisait le recensement des anémones pulsatilles et quelques débroussaillements sur les sites à protéger. Quant à l’équipe mycologique, entraînée par Arlette Gelin, elle dressait, sous forme de tableau, la liste des espèces déterminées par site prospecté. Grâce au « Petit atlas des champignons » de H. Romagnési, qui remplaçait le « Lange » pour débutant, les déterminations se précisaient. L’aide véritable viendra de la publication du « Petit Bon illustré », un outil qui reste toujours de circonstance. L’équipe ornithologique animée par Marc Paquay faisait de même et rassemblait en fin d’année la liste des observations et les « coches » les plus exceptionnelles.


Soucieux de comprendre et d’interpréter les actions anthropiques sur la nature, Maurice Evrard et Jean-Pol Weber ont continué, au travers de l’équipe archéologique, à relater les fouilles entreprises à Wellin (cimetière et puits) et à Marsolle (haut-fourneau). Des prospections et des balades archéologiques présentaient, sur le terrain, l’avancement de leurs recherches.


Introduits depuis quelques années, les inventaires des Anémones pulsatiles puis des Gentianes se sont poursuivis et pour leur assurer un maximum de chance d’étendre leur territoire, des campagnes de gestion de sites ont été régulièrement programmées. En fait de gestion, l’attention était particulièrement portée sur les relations avec l’association Ardenne et Gaume et le prolongement du statut du Parc National de Lesse et Lomme. C’est à cette époque que certains Natus ont été invités à participer aux Commissions de gestion des réserves domaniales.


Les moyens d’information étant plus discrets qu'aujourd'hui, les membres s’échangeaient des articles de presse que Maurice reproduisait dans les Barbouillons. On devine, au travers de ces lectures, la lente évolution vers une prise de conscience des dégradations environnementales qui alimentent actuellement les conversations de toute la population.


LES POINTS FORTS DE L’ANNÉE 1985

Citer tous les lieux de rendez-vous des sorties pourraient sembler fastidieux. Contentons-nous d’épingler celles qui nous étaient moins familières et nous « dépaysaient » de la Haute-Lesse, tant famennoise qu’ardennaise. Relevons pour cette année quelques points de chute : la vallée de la Semois à Vivy ; la découverte d’Orgeo, village d’ardoisières ; la visite de la réserve de Kalmthout; le voyage ornithologique en Zélande ; une promenade en suivant le cours de la Lomme ; une excursion à Montaigle ; l’excursion aux marais des Hauts Buttés et au plateau de la Croix-Scaille ; la découverte des exploitations des carrières de la région : marbre, baryte, kaolin…


Bruno Marée et Louis Mélignon avaient conjugué leurs efforts pour proposer une initiation à la reconnaissance des invertébrés d’eau douce suivie, quelques mois plus tard, d’une première séance de malacologie. Bruno venait de créer la coquille de sa propre équipe malacologique et une collection qu’il ne cessera d’enrichir. Vu la diversité des sujets traités, à cette nouvelle équipe s’en ajouta une autre qui fut baptisée « équipe découverte-nature », mêlant géologie, géomorphologie et même spéléologie... car la nature se prolonge dans les entrailles de la terre !


Cette année particulièrement riche en sorties (14) a poussé les amoureux des oiseaux jusqu’en Lorraine française pour découvrir divers étangs et lacs (Lindre, Tarquignol, Doullay et Madine). Les autres prospections plus locales ont contribué à alimenter en données, l’atlas des oiseaux nicheurs en Lesse et Lomme.


Lors du souper traditionnel des Naturalistes organisé à Villance, un hommage bien mérité fut rendu aux administrateurs sortants (Pierre, Edmond, Paul) et certains pseudo-sportifs gardent en mémoire le circuit à vélo organisé par Paule Sanzot avec comme point d’orgue le repas des Natus dans une prairie de Daverdisse.


La défense de l’environnement a toujours préoccupé l’association et plusieurs membres exprimaient le point de vue naturaliste au travers de la Commission installée à Rochefort et au travers des CCAT nouvelles venues dans le paysage politique local. Citons quelques sujets traités : « À propos d’un télécabine à Han-sur-Lesse (abandonné) », « Le projet de vacances à Lesse (abandonné), « Le règlement des bâtisses en site rural », « La liste des arbres et haies remarquables »…


Un stage d’initiation à l’archéologie s’est déroulé pendant une semaine sur le site des fouilles du haut-fourneau de Marsolle.


LES POINTS FORTS DE L’ANNÉE 1986

Les sorties dites générales ont conduit les Natus en Haute-Lesse et ailleurs. Citons : une prospection dans les sites humides ardennais et particulièrement dans la réserve domaniale des Troufferies et celle de Luchy ; une découverte entre la Wimbe et la Gembes (Almache) ; une randonnée pédestre de deux jours dans la vallée de la Semois, entre Sainte-Cécile et Herbeumont ; une excursion géologique et archéologique à Sugny et à Muno, un week-end au Mont Rigi ; une descente de la Semois en canoë ; la découverte de la région de Treignes et une excursion dans la vallée de l’Ourthe. Que de paysages et de lieux découverts !


Les escapades hors de notre territoire nous avaient donné des ailes pour prospecter plus loin encore. Les Natus sont allés à la découverte du Cap Gris-Nez (Fr) pendant un séjour de deux jours. Le Jura méritait mieux encore. Pendant une petite semaine, une vingtaine de Natus se sont retrouvés à Nans-Sous-Sainte-Anne pour observer la flore et la faune des cluses, combes, crêts ou reculées du Jura. Les géo-spéléos avaient choisis de s’engouffrer dans les entrailles de la terre dans la région de Robert-Espagne (Fr).


Les botanistes ont continué leurs prospections dans les sites proches et dressé des listes exhaustives pour l’Institut de Floristique dans des carrés d’un km2. Un exercice qui demande rigueur et persévérance ! Les compétences en mycologie de Paul Pirot, fort de son nouveau diplôme de mycologue, ont pu être appréciées sur le terrain mais aussi au cours d’une conférence proposée à Villance. Arlette innovait et proposait des courtes cueillettes le matin et la détermination en salle l’après-midi. Une formule bien accueillie qui permettait des études plus approfondies par des comparaisons d’espèces proches.


Les préoccupations environnementales ne nous ont laissé que peu de repos. Il nous fallait réagir au traitement des ordures ménagères dans la province de Namur, à la pollution du Serpont, à l’extension de la carrière des Limites, au camping des « Prés Grossay » à Libin (abandonné), à la situation catastrophique du château de Mirwart… La vigilance était de mise !


LES POINTS FORTS DE 1987

Épinglons, en dehors des sorties plus traditionnelles, une excursion découverte entre Vresse et Laforêt ; un séjour d’un week-end dans le Westhoek avec visite du Blankaart ; une prospection botanique dans le marais de Basse Wanchie et dans la plaine alluviale de la Vierre entre Orgeo et Gribomont ; une sortie sur le plateau des Tailles en compagnie de « La Trientale » ; la découverte de la vallée de l’Aisne et de Wéris et une sortie dans la région de Bourdon organisée par le GDOM. En juillet, une semaine a été consacrée à la découverte de biotopes submontagnards dans les Vosges à la Bresse. Plusieurs lacs, cols, étangs, tourbières… ont été prospectés et ont enrichi nos connaissances tant biologiques que géologiques. Un week-end nous a conduit en Gaume dans les marnières d’Harinsart et d’Ansart avant de prospecter le Cron de Lahage, le marais de Landbruch, Montauban et la réserve de Torgny. Bref une belle diversité de sites parcourus !


Les autres équipes ont programmé plusieurs sorties à thèmes, notons la présentation géologique et géomorphologique de la région de Nassogne que Bruno connaît si bien. Les malacologues ont imité les mycologues et, à Pâques, ont consacré une matinée à la récolte, non pas des oeufs, mais des gastéropodes pour ensuite les déterminer et les ranger par ordres, classes, familles, avant de les identifier par leur nom d’espèce.


Pour découvrir les insectes et les mollusques, les responsables de l’équipe entomo-malacologique ont choisi de prospecter la région proche et de se focaliser sur des sites familiers. Quant aux ornithologues, en dehors de leurs observations habituelles, ils ont quitté leur nid pour prospecter les étangs et marais de Lorraine française : Mangienne, Lachaussée, Madine. Ils étaient aussi au rendez-vous d’automne pour observer les migrations à Lessives avant de filer vers les marais d’Harchies. La visite de l’année eut lieu à Glaireuse… celle du gobe-mouche nain !


Un nouveau venu, Patrick Van der Smissen, s’est occupé activement de la problématique des grimpeurs de falaises, de la couverture du ruisseau de Libin, du chaulage des forêts, de l’invasion intempestive des kayaks… déjà ! Il nous a aussi présenté ses réflexions sur « la Haie, ses fonctions et son entretien » en nous présentant la brochure rédigée par lui sur ce sujet. Parmi les fiches techniques, signalons la rédaction d’une clef de détermination des graminées forestières au stade végétatif réalisée par Pierre Limbourg. Un outil bien pratique pour s’adonner à cette discipline un peu rébarbative.


Les fouilles de Wellin se sont poursuivies dans la propriété Geudvert-Meunier pendant près d’un mois et, pendant la quatrième année de stages organisés dans le cadre des fouilles du haut-fourneau de Marsolle, les archéologues ont localisé l’emplacement de la roue servant à actionner la soufflerie.


Et, pour le plaisir des yeux Marc Paquay a présenté, au cours d’une soirée de projection à l’école de Villance, les petits « bijoux » que sont les insectes.


LES POINTS FORTS DE 1988

Lors de l’assemblée générale tenue chez Mouton à Ave – une habitude qui a duré quelques années –, le président était assez heureux d’informer l’assemblée de l’acquisition de la cabane Debernardi (Pérées). Restaurée, elle pouvait servir de local et de point de rendez-vous. Joie de courte durée. Alors que les actes allaient être signés, les chasseurs locaux la réduisaient en cendre. Ils aiment faire parler la poudre lorsqu’on les dérange dans leurs activités !


Plusieurs excursions attractives et variées sont restées en mémoire : la découverte de Grupont, Bure, Tellin et la présentation de la fonderie par Bernadette Slegers ; le week-end randonnée-bivouac à la Croix-Scaille ; une journée réservée à l’archéologie et à l’ornithologie à Herbeumont ; la présentation de Forrières sous tous ses aspects ; la randonnée pédestre de trois jours en Haute-Lesse ; le sentier écologique des Épioux ; les sites préhistoriques de Wéris et les phénomènes karstiques dans les environs de Rochefort.


Dans le cadre du 20e anniversaire, le week-end organisé dans les Vosges a permis de découvrir les Côtes de Moselle et de Meuse, Madine, la butte-témoin de Montsec avant d’excursionner au col de la Slucht et sur les Chaumes du Kastelberg. Un  avant-goût des festivités organisées à Han pour cette circonstance... avec du bon vin, de la bonne chère et… beaucoup de discours. Conscients que les Natus manquent de visibilité, nous avons invité Jacques Stein à commenter, sous forme de débat, les relations entres les associations naturalistes et les communes (élections proches). Leurs représentants ne se sont pas précipités !


D’autres conférences ont sensibilisé les participants, l’une aux problèmes des pluies acides, l’autre à la médecine de l’environnement. Celle de Roland Libois a présenté les mammifères menacés de Wallonie. Un exposé sur la pédologie et une sortie d’initiation à Villance avaient comme ambition de sensibiliser l’assemblée aux divers produits utilisés pour assurer une bonne production alors que l’on constate une « fatigue » des sols imprégnés de produits phytosanitaires.


Les nombreux sujets environnementaux (27 évoqués !) ont alimenté les réflexions notamment : un débat sur la façon d’être un « vrai » naturaliste, la gestion du bois Collignon à Redu ; la réglementation sur la circulation des kayaks, la pollution du Serpont ; la protection des chauves-souris ; la médecine de l’environnement, les pluies acides ; le dépérissement des forêts ; les arbres des bords de route ; le remblayage de la mare de Wavreille ; la problématique des fosses septiques, etc.


En dehors des sorties locales, les botanistes se sont aventurés au Roeulx (Hainaut) où les attendaient les guides Jean Leurquin et Francy Moreau. Cette première collaboration allait être suivie de beaucoup d’autres au point que maintenant, les naturalistes de Charleroi et de la Haute-Lesse partagent un grand nombre d’activités. Les prospections IFB se sont multipliées sans délaisser quelques excursions régionales comme sur le plateau de Saint-Hubert.


Quant aux plantations d'épicéas, Patrick van der Smissen a pris l’initiative de cartographier tous les endroits où ces résineux étaient plantés trop près des cours d’eau pour susciter une réaction auprès des autorités compétentes et très laxistes dans ce domaine.


À Mirwart, les archéologues se sont attachés à mettre au jour les traces du bâtiment qui servait d’entreposage du charbon de bois. Pour comprendre la fabrication de cette énergie, les Natus se sont rendus à Wavreille pour observer comment M. Ferauche continuait cette production. Quant aux spéléos, ils ont fouillé le puits de Lomprez prêtant mains fortes aux archéologues tout occupés à dégager la porte occidentale de l’enceinte fortifiée de Wellin.


LES POINTS FORTS DE 1989

Suivant leurs habitudes, les Natus ont satisfait leur soif de curiosité dans diverses disciplines au travers d’un programme riche et éclectique : une journée culturelle à Namur avec comme objectifs, le musée Félicien Rops, la citadelle et le Trésor d’Hugo d’Oignies ; une promenade découverte-nature au Fourneau Saint-Michel ; la réserve naturelle des Picherottes présentée par Jacques Stein ; une visite de la région de Marcourt guidée par Daniel Mormont ; une excursion dans la vallée de la Haute-Sûre préparée par Bernard Overal ; la découverte des étangs d’Anloy ; ceux de Serinchamps et Frandeux ; la visite des sites historiques de Marche et une excursion autour et alentour de Graide.


En cette année européenne de l’Environnement, les Natus ont apporté leur contribution pour interpeller les communes qui prennent l’habitude de nommer des échevins de l’environnement. Vague verte ou simple effet démagogique ? Plusieurs sujets ont été traités : le feu bactérien et les haies ; la protection des pelouses calcaires dans la région de Han-sur-Lesse et de Rochefort et, tout particulièrement la « Chavée », chère à Bruno ; la toxicité des champignons ; l’attitude interpellante de certains responsables politique vis-à-vis des chasseurs, etc.


Dix ans après une première expérience d’envergure, les Villançois ont récidivé en organisant pendant une semaine une exposition sur le thème « Notre forêt et ses ressources ». La participation des Naturalistes a été primordiale. C’était l’occasion d’offrir une plus grande visibilité à notre association (2 500 visiteurs recensés).


L’habitude étant prise depuis quelques années, les Natus se sont ressourcés à l’étranger en découvrant l’Auvergne à Église-Neuve-d’Entraigue dans les contreforts du Puits de Sancy : une région attrayante par sa culture, par sa géologie et par sa flore… originale !


On a parlé et écouté beaucoup cette année. Avides de nouvelles connaissances, les membres ont répondu présents à l’appel de divers conférenciers : Michel Louviaux a présenté la famille des orchidées, Maurice Dethioux a développé les techniques de verduration des aménagements des bords de ruisseaux, Jean-Claude Philippart a développé le projet « Saumon-2000 » et M. Rijland est venu nous familiariser avec les moeurs des castors et des blaireaux.


Toutes les activités botaniques (dont deux carrés IFB), ornithologiques et mycologiques se sont déroulées sur le territoire privilégié du bassin de la Lesse. Bref, des découvertes ou des redécouvertes pour entretenir nos connaissances naturalistes et affiner notre expertise.


Les membres du GEST, grands amateurs de fossiles, avaient souhaité découvrir l’aspect géologique de la Calestienne. Moins amateurs d’ « antiquités », les membres de l’équipe entomo-malacologiste ont invité la Société belge de Malacologie à prospecter divers sites pour dresser une ébauche de cartographie. Les spéléos ont sorti leur topo-guide pour fouiller un peu plus la Laide Fosse et le Trou Saint-Nicolas. Guy Deflandre a aussi offert sa collaboration pour nous expliquer dans le détail ce que la palynologie pouvait apporter à la connaissance de la nature dans les temps plus reculés.


Pour comprendre l’histoire régionale, la connaissance des anciens chemins est indispensable. Elle donne des clefs de compréhension pour interpréter le passé. Le repérage de la route ancienne de Wellin à Mirwart a permis d’évoquer l’importance stratégique des fortifications de Mirwart et de Lomprez (deux journées). Ces forteresses ont pu être comparées aux bastions (Montragut et Bouche-à-Bonru) observés lors d’une promenade d’automne dans la région de la Semois.


Les fouilleurs ont persévéré dans leurs recherches. Épaulé par une trentaine de stagiaires, Jean-Paul Weber a continué ses prospections autour de la roue hydraulique du haut-fourneau et Maurice Evrard a profané quelques tombes de mérovingiens dans la propriété Clarinval. C’était, affirme l’historien, pour mieux les connaître !


LES POINTS FORTS DE 1990

Parmi les soixante activités proposées, une grande première qui mériterait d’être actualisée. Mais un gros travail aussi ! Après 20 ans d’activités des Naturalistes, le comité en fonction a souhaité entreprendre une grande enquête pour répondre au mieux aux objectifs de ses membres. Le questionnaire, détaillé en 55 rubriques, a permis de mieux cerner nos objectifs et de réfléchir sur notre engagement. Les attentes environnementales et les recensements des éléments écologiques sont venus largement en tête. Pas étonnant : les 6-7 octobre étaient déclarés « journées sans voitures ». Est-ce dans ce contexte qu’une traversée pédestre de l’Ardenne (GTA) fut programmée ? Toujours est-il qu’un groupe a décidé de suivre Pol Maboge et de parcourir les six étapes, d’un bon pas, tout en admirant les paysages entre Botassart et Sprimont.


Lorsque la nature prend ses quartiers d’hiver, les Natus ont diversifié leurs activités et ont enrichi leur culture. On les a vus visiter la ville et le musée de Luxembourg en bons luxembourgeois.


En botanique, plusieurs sorties de terrain se sont basées sur « La flore et la végétation du parc Lesse et Lomme » d’André Thill, un outil bien utile pour appréhender les diverses associations végétales permettant de mieux comprendre l’interdépendance des espèces. Mais aussi, pour découvrir la richesse floristique de la réserve de l’Abbaye de Saint-Remy et établir une comparaison avec des milieux semblables dans la vallée du Burnot ou, différents, dans la vallée de l’Almache, de la Wimbe, de l’Our ou dans les environs de Cugnon. La découverte de réserves naturelles est toujours enrichissante. Celle du Vague des Gomhets prospectée en août fut très appréciée. Les prospections mycologiques furent nombreuses avec comme point d’orgue celle organisée par Arlette Gelin aux Tinaimont de Han, rehaussée par la présence des guides Albert Marchal et Paul Pirot.


Au cours de cette année, des « Zones de protection spéciales » étaient en voie de réalisation. Les Natus ont décidé de privilégier la zone de Daverdisse et d’y concentrer quelques prospections. En septembre, Maurice Evrard a guidé divers groupements, dont la CRMSF, le Syndicat d’Initiative et les RNOB pour établir un projet de gestion coordonnée d’une grande entité d’espace naturel. Toujours disponible, le même guide s’est montré d’une compétence rare pour analyser et décrire les paysages d’Ardenne et de Famenne au départ de Sohier. Titillé par ce nouveau concept de « Zone de protection spéciale » et par la sortie imminente de l’ « Atlas des oiseux nicheurs en Lesse et Lomme », Bruno Marée a cartographié ce même territoire et dressé un tableau des gastéropodes terrestres. Devenu le grand spécialiste de la région de Nassogne, il a aussi proposé une synthèse très fouillée sur la géologie et la géomorphologie d’Ambly.


Les inquiétudes à propos des dégradations de l’environnement nous ont poursuivis. Particulièrement à Libin où le projet de Space Camp risquait de polluer la « Fange Mariette » et où les vieux ponts tardaient à recevoir la protection comme sites classés, titre qu’ils méritent. Les démarches entreprises par Patrick van der Smissen auprès du Conseil communal n’ont pas apporté beaucoup de solutions aux problèmes posés. Les ornithologues, tout occupés à leur recensement des oiseaux nicheurs se sont réjouis d’apprendre que Cécile Bolly avait installé un Centre de Revalidation pour Oiseaux handicapés (CROH) à Tournay (Neufchâteau). Et il fonctionne toujours !

Jamais lassés, les fouilleurs ont pu, cette année, présenter la cartographie détaillée du site de Marsolle et décrire dans les détails les installations de la savonnerie exhumée à Wellin.


Notons que les Barbouillons présentent alors les premiers rapports utilisant le traitement de texte par ordinateur. Ces premiers pas dans l’infographie numérisée ont débouché dans la présentation actuelle des Barbouillons avec des mises en page attrayantes.


LES POINTS FORTS DE 1991

Pour commencer l’année, un atelier et une sortie sur le terrain ont permis, à partir de la détermination de fossiles, de revoir l’évolution de la paléogéographie au cours du dévonien. En attendant les beaux jours, Maurice a organisé un « Tour de Bruxelles 1900 » avec l’ARAU et la visite des expositions « L’or des Scythes » et « La ville en Flandre ».


Dès le printemps, des journées de découvertes et de prospections naturalistes se sont déroulées dans la région de Winenne, de Bertrix, le long des ruisseaux du Vachau, des Alleines et de la Baseille (Ourthe), en Lorraine belge (Vance), dans la vallée du Viroin (Vierves) et au confluent de l’Our et de la Lesse. Ajoutées au programme plus traditionnel et plus local de l’équipe botanique – carrés IFB, initiations, prospections, recensements… – ces sorties ont été riches en découvertes. Une journée a été consacrée à l’étude des fruits d’automne et au recensement devenu presque annuel des gentianes à Bure.


En mai, les Natus étaient sur la brèche avec une importante organisation dans le cadre de la journée du Patrimoine naturel de la Haute-Lesse. Pas moins de onze activités ont été guidées sur divers thèmes. Un week-end a été consacré à la découverte de sites dans l’Eifel, une région naturelle qui prolonge l’Ardenne, avec des prospections dans les sites de Ripsdorf, d’Alendorf et l’observation des « maars » de Daun.


Après une sortie ornithologique printanière à Lessive, le couple Chanteux-Van Gottom nous a conduits dans la vallée de la Dyle pour découvrir le Groot Broeck, le Zoetwater et quelques étangs voisins. Cette prospection s’ajoutait aux sorties traditionnelles qui continuaient à alimenter la cartographie des oiseaux nicheurs.


De nombreux sujets ont été traités par l’équipe « Environnement » : accès libre au gouffre de Belvaux (utopie ?) ; création d’un village de vacances à Rochefort (Center Parc) ; l’éternel débat sur la fréquentation massive de kayaks, problématique des sacs en plastique et celle de la production de déchets au niveau individuel : une prise de conscience… vieille de trente ans et qui n’a toujours pas trouvé de solution !


Les spéléologues se sont chargés de la fouille d’un puits à Barzin tandis que les archéologues ont mis à jour les structures du bâtiment en pans de bois qui servait de halle à charbon de bois. À Wellin, l’équipe de Maurice a précisé l’emplacement de la tour fortifiée et a découvert les restes d’un fourneau servant à la fonte de cloches.


BILAN

En fait, ce terme de bilan ne convient pas. Ces sept années s’inscrivaient dans la continuité poursuivant les objectifs de l’association, tour à tour groupe de pression, et curieuse de tous les aspects de son territoire. L’ADN des Natus n’a pas changé et je constate que, trente ans après, la démarche reste sensiblement la même tout en soulignant la compétence et l’expertise accumulées. La relecture… obligée des Barbouillons (un millier de pages !), m’a plongé dans de nombreux souvenirs agréables. Merci à tous ceux qui ont consacré de leur temps à l’organisation et au fonctionnement de notre société naturaliste et bon vent à ceux qui en assureront la continuité.


Pique-nique sous un soleil accablant à Nans-sous-Sainte-Anne

(Photo JC Lebrun).

Sur le “Sentier des Roches” dans les Vosges (La Bresse) (Photo JC Lebrun)

Prospection botanique à l’étang du Machay dans les Vosges (Le Bresse) (Photo JC Lebrun)