Histoire - 5ème partie

Cinquième décennie – de 2011 à 2018


par Daniel TYTECA

Photos de l'auteur


Mon arrivée et mon intégration au sein des Naturalistes de la Haute-Lesse


Vous ne m’en voudrez pas trop, j’espère, de commencer cette rétrospective par quelques considérations personnelles, qui ont marqué mes débuts au sein de notre association !  Car cela peut aider à comprendre quelques-uns des faits qui seront évoqués par la suite.


En cette fin d’année 1971 – presque trois ans que les Naturalistes existent ! – ma passion naissante pour les orchidées me pousse à prendre des contacts, dans cette région aux confins de l’Ardenne et de la Famenne, où mes parents avaient établi leur résidence secondaire. L’association Ardenne et Gaume, première consultée, me suggère de prendre contact avec les Naturalistes de la Haute-Lesse, en la personne de leur président … Pierre Limbourg !  Bien que se déclarant « réticent » à montrer les sites à orchidées les plus rares, celui-ci m’invite assez rapidement à participer aux activités de l’association … c’est le démarrage !  En 1978, je suis invité à rejoindre, dès 1979, le comité, comme représentant jeune, puisqu’un point du règlement prévoit la présence d’au moins un jeune de moins de trente ans dans le comité !  Règle abandonnée quelques années plus tard, faute de recrues …


Une crise grave … déjà ! … me conduit à quitter le comité et même l’association fin 1980. Je ne la rejoignis qu’en 1991, et la dynamique reprit rapidement, à un point tel que dès 2001, je fus invité à rejoindre le comité – cette fois plus comme « jeune » !  Depuis lors, mon intégration et mon attachement aux Natus ne se sont plus jamais démentis.


Huit années de présidence : ressenti global


Etrange ambiance que ce vendredi 4 février 2011 … Une modification majeure de notre comité venait de se produire, puisque trois membres, et non des moindres, le Président, le Vice-président et le Trésorier, l’avaient quitté … Trois nouveaux membres devaient donc les remplacer, et il fallait pourvoir aux fonctions ainsi laissées vacantes.


Des circonstances imprévues m’avaient empêché d’arriver à l’heure à la réunion de comité … Aussi est-ce avec un bon quart d’heure, si pas une petite demi-heure de retard, que j’arrive. Je m’installe, tous les regards pointés vers moi … et le Secrétaire (resté, lui, en place, mais pour un an seulement) de prononcer un chaleureux « Bonsoir Monsieur le Président » !!


Ainsi donc, « à l’insu de mon plein gré » comme disait l’autre, ils s’étaient tous mis d’accord pour me désigner … Mon impression était que c’est par défaut, aucun des deux autres derniers « anciens » n’ayant voulu accepter cette charge.


Et me voilà parti pour huit ans, comme mon prédécesseur. Et cela n’a pas été un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Et je « profite » de ces cinquante ans d’existence de notre association pour quitter le bateau en douce, en laissant à ceux qui restent et aux autres le soin de renouveler l’association, de repartir d’un bon pas, avec du sang neuf. Car les défis ne manquent pas.


Mon prédécesseur, Bruno Marée, relatait (dans le Barbouillons 303) la remarquable stabilité de son Comité, un seul changement de personne ayant été opéré sous sa présidence. Eh bien, on ne peut pas en dire autant de « ma présidence », puisque pas moins de neuf remplacements se sont produits, dont six rien qu’au cours des deux dernières années.


Je vais donc tenter, tout comme les trois intervenants précédents, Pierre Limbourg, Jean-Claude Lebrun, Bruno Marée, de dresser un inventaire et une rétrospective des évènements saillants qui ont marqué la vie de notre association.


En guise de préambule, je voudrais faire état des préoccupations qui se sont fait jour ces derniers mois et ces dernières années, dans l’esprit de quelques-uns : il paraît que les Naturalistes perdent leur âme, que le « véritable naturalisme » est mort, et que, à les lire, l’association est moribonde …


Je voudrais les rassurer, et leur dire qu’il n’en est rien, pour trois raisons. Tout d’abord, notre association est (dans la réalité, et statutairement) basée sur un fragile équilibre entre trois visions, trois missions, essentielles et complémentaires, celles de l’étude et de la connaissance de la nature, de la sensibilisation et de l’éducation du public, et de la sauvegarde et de la protection de l’environnement. Suivant les périodes et les personnes qui ont pris en charge de coordonner ces trois missions, l’équilibre s’est déplacé, mettant plus l’accent sur l’une ou sur l’autre, mais n’oubliant jamais ces fondamentaux de notre groupement. Ensuite, une association est ce que les membres en font. Il n’est pas vrai de dire que la vision « naturaliste » est éteinte : un certain nombre d’entre nous (dont je suis) poursuivent, inlassablement, encore et toujours, ces activités de découverte et d’approfondissement qui constituent leur véritable passion, et ont à cœur de les partager avec l’ensemble des membres. Enfin, notre société évolue à une vitesse quasi exponentielle, les préoccupations du moment changent, les enjeux environnementaux apparaissent sans cesse plus cruciaux, et il faut bien que nous nous en préoccupions, car « sans environnement, pas de nature » comme on l’a maintes fois répété.


Il reste tout de même une préoccupation majeure, et celle-là est bien réelle, le vieillissement de notre association. Il suffit de voir les premières rétrospectives, celles de Pierre Limbourg mais également les suivantes, ne serait-ce même que les photos qui les illustraient, pour constater combien les enfants, les jeunes, faisaient partie de la dynamique de notre groupement. On peut dire que cela n’est quasiment plus le cas aujourd’hui, et ce mal affecte d’autres groupements que le nôtre. On peut dire que cela est lié à l’évolution de notre société et aux changements des préoccupations et des aspirations des uns et des autres. A cet égard, il faudra que l’association change radicalement, car comme le disait l’autre, « les jeunes constituent notre avenir », et cela est l’un des enjeux majeurs des prochaines années et décennies.


Mais pour l’heure, mon propos est de tenter de retracer les évènements qui ont marqué la vie de notre association au cours des huit années écoulées !


Les faits marquants de la période 2011 – 2018


Au risque d’en oublier, je voudrais maintenant énumérer les faits qui me viennent spontanément à l’esprit lorsque l’on évoque la période 2011 – 2018. Notez que la tâche m’est grandement facilitée par rapport à mes prédécesseurs, puisqu’il faut remonter moins loin dans le temps, et que je pourrai parler souvent au présent !  Dans la suite, je tâcherai, chaque fois, de me référer à des numéros de notre revue Les Barbouillons lorsque cela est pertinent (« BB n° xxx »). Je resterai souvent dans une certaine généralité : il ne s’agit pas ici de procéder à un inventaire exhaustif, pour lequel le mieux est de se référer aux données de notre revue. Cependant, je ne manquerai pas de mentionner plus explicitement quelques-unes de nos activités les plus remarquables.


1. Les préoccupations environnementales


Les dossiers environnementaux n’ont pas manqué au cours de cette période. Je voudrais en épingler très brièvement quatre ici, un cinquième (restauration des pelouses calcicoles) étant évoqué dans une autre rubrique. Notons pour commencer que les quatre dossiers en question ont ceci en commun qu’ils ne sont pas encore clôturés, et constituent de beaux cas d’affrontement entre intérêts économiques, environnementaux, voire sociaux. Dans les quatre cas, les Naturalistes interviennent, dans la mesure de leurs disponibilités, parmi un ensemble de partenaires environnementaux et sociaux. Dans les quatre cas également, notre intervention se justifie pleinement par les atteintes significatives à l’environnement naturel local.


1.1. Le dossier « Tridaine » est particulièrement emblématique et intéressant à plus d’un titre, aussi sur le plan scientifique et académique !  Cette crise a surgi en 2013 (voir BB n° 273, pp. 24-26) et fait intervenir aussi bien des intervenants industriels (Lhoist, la brasserie de l’Abbaye St-Remy) que publics (la ville de Rochefort), associatifs (les groupements de protection de la nature et les associations d’habitants) et sociaux (les syndicats et groupes de travailleurs des deux entreprises). Dès le début, les NHL ont été associés aux débats qui se déroulent à plusieurs niveaux, ainsi qu’aux campagnes d’information et de sensibilisation (voir BB n° 273, 274, 275, … 283, pp. 16-19). De recours en recours et de procédure en procédure, le cas n’est pas réglé et ne trouvera un épilogue, juridique,  que dans un avenir incertain.


Notons tout de même que cette situation a été l’occasion pour nous de susciter un regain d’intérêt pour les zones naturelles constituant la Réserve naturelle Abbaye de Saint-Remy et Léon Lhoist, dont la superficie s’est réduite comme peau de chagrin depuis sa création (voir BB n° 274, pp. 14-22) !


1.2. Problématique des sapins de Noël. Ce dossier, récurrent depuis 2013, alimente les discussions en Commission de l’Environnement. Plusieurs articles lui ont été consacrés (voir p.ex. BB n° 275, pp. 4-8 et 20-21 ; BB n° 288, pp. 5-6), et il s’agit d’un beau cas de combat de David contre Goliath, même si, pour l’instant, Goliath semble l’emporter …


1.3. Kayaks sur la Lesse. La rivière qui constitue notre véritable « objet social » est victime des excès de la société de consommation et donne un prétexte à diverses entreprises à se livrer à un commerce éhonté. Nous touchons ici, comme dans de multiples autres situations, aux limites de ce que l’environnement naturel peut endurer de la part des activités humaines. Sans une canalisation sous la forme d’une réglementation appropriée, ce type de situation ne peut trouver de solution, ce qui une fois de plus passe par la voie juridique (voir BB n° 284, p. 31 ; n° 285, pp. 40-42 ; n° 295, p. 29).


1.4. Le Jardin des Paraboles et le Bois de la Héronnerie. L’environnement naturel subit une fois encore les assauts de notre société capitaliste : ici encore, la proposition de réaliser un projet qualifié de pharaonique se justifie, non pas sur la base de besoins sociaux réels, mais sur l’opportunité de réaliser des profits, dont la nature et les habitants riverains feront les frais. Le dossier est récent fait encore l’objet de débats et controverses intenses (voir BB n° 303, p. 46).

 

2. L’éducation et la sensibilisation du public ; l’étude et la connaissance de la nature


2.1.La formation « ornitho ». A l’initiative de P. Corbeel, notre association s’est lancée dans un programme de formation, faisant intervenir quelques-uns de ses membres les plus actifs comme coordinateurs (C. Brenu, E. Melotte, P. Corbeel) ainsi que des guides chevronnés. Depuis sa création en 2016, cette formation connaît un succès grandissant, montrant qu’elle répond à un besoin bien réel (voir notamment BB n° 287, pp. 28-29 ; n° 294, pp. 23-24 ; n° 295, pp. 23-28 ; n° 301, p. 28 et pp. 50-54 ; …). Elle permet aussi de recruter de nouveaux membres et d’accroître la sensibilisation à notre milieu naturel. Cela n’a pas été sans susciter un débat au sein de nos membres, certains s’interrogeant sur la contradiction qu’il y a entre l’aspect vénal de la formation (qui est payante) et le bénévolat qui caractérise un groupement comme le nôtre. Répondons à cela que bénévolat ne veut pas dire philanthropie : l’objet n’est pas l’enrichissement personnel, mais simplement de rentrer dans ses frais, l’activité impliquant souvent des déplacements significatifs.


2.2. La formation en botanique. De nouveau à l’initiative de certains d’entre nous (M. Paquay, G. Adam), une initiation en botanique a vu le jour en 2017 (voir BB n° 296, p. 30 ; n° 297, pp. 22-23). Faute de combattants, et malgré un vif succès, l’expérience ne s’est pas poursuivie en 2018, mais elle fait toujours partie des ambitions de notre association. Notons aussi certaines des sorties guidées par M. Louviaux, qui s’apparentent beaucoup à de la formation botanique (p.ex. BB n° 298, 5-10 et 15-22), bien que non mentionnées explicitement comme telles.


2.3. Autres activités « régulières » en ornithologie, botanique, mycologie, entomologie, malacologie, bryologie, cécidologie ... Indépendamment des activités prévues explicitement pour la formation, notre programme poursuit le développement d’activités multiples en vue de la connaissance de la nature. Ces activités sont trop nombreuses pour être toutes énumérées ici, et font taire les avis qui se font parfois jour, selon lesquels notre association est menacée par la « professionnalisation » de ses activités.


Au rang de ces activités – mais ici nous sortons quelque peu du cadre strict de la formation et de la sensibilisation, quoique – figurent les sorties, récurrentes, d’inventaire. Les comptages dans nos populations d’anémone pulsatille, de gentianes, voire d’orchidées, sont toujours bien actifs, et même s’ils ne se font pas chaque année, ils enrichissent la connaissance de notre patrimoine naturel et contribuent à lancer des signaux d’alarme lorsque cela s’avère pertinent.


2.4. Autres excursions de prospection et découverte. Chaque année également, nous poursuivons un programme significatif d’excursions géologiques, souvent guidées par des spécialistes chevronnés, souvent trouvés dans nos propres rangs !  Il en va de même des activités de découverte culturelle et historique. Il se fait même que les deux types d’activités (géologique et culturelle), voire plus (botanique …), soient parfois guidés par les mêmes personnes au cours d’une même balade !  Par exemple, épinglons les sorties suivantes :


Excursion à la citadelle de Namur : aspects géologiques et historiques, 26 novembre 2011 (J.-L. Giot et J. Leurquin). Voir BB n° 263, pp. 13-18. Voir aussi Cahiers des NHL n° 2, janvier 2013 (J.-L. Giot, J. Leurquin et A. d’Ocquier).

Les rochers de Renissart, la vallée de l’Isbelle et le camp romain, 19 mai 2012 (J.-L. Giot et J. Leurquin). Voir BB n° 266, pp. 14-19.

Autour de Marcourt, dans la vallée de l’Ourthe entre l’ermitage de Saint-Thibaut et l’arboretum Robert Lenoir, 9 mai 2015 (A. d’Ocquier et J.-L. Giot). Voir BB n° 284, pp. 14-19.

Circuit géologique dans la réserve naturelle de Modave (SGIB) et aperçu historique des lieux traversés, 23 avril 2016 (G. et E. Lebrun-Moréas). Voir BB n° 290, pp. 6-13.

Histoire et géologie au Parc de Furfooz, 29 avril 2017 (G. et E. Lebrun-Moréas). Voir BB n° 296, pp. 21-28.

Excursion en Basse-Lesse, 14 avril 2018 (F. Moreau). Voir BB n° 302, pp. 25-28.

Géologie et patrimoine dans le vallon de la Solières (Huy), 21 avril 2018 (G. et E. Lebrun-Moréas). Voir BB n° 303, pp. 24-31.

Sortie botanico-historique au château de Logne (Ferrières-Vieuxville), 8 juillet 2018 (M. Louviaux). Voir BB n° 304, pp. 11-16.


Dans cette catégorie, nous pouvons aussi inclure les traditionnelles Journées wallonnes de l’Eau, où chaque année les plus chevronnés et/ou les plus pédagogues d’entre nous font découvrir l’une ou l’autre facette de nos activités en relation avec le thème de l’eau, dans le cadre d’un programme plus vaste d’activités qui dépasse le cadre de notre association. Certaines de ces sorties bénéficient du concours du Contrat de Rivière pour la Lesse.


2.5. Randonnées et balades. Notre programme inclut, depuis les débuts de l’association, des activités « tout public », et à portée « généraliste ». Ce qui signifie qu’il ne s’agit pas du tout de prospections spécialisées dans tel ou tel domaine, ce qui n’empêche pas les spécialistes présents de faire partager leur savoir avec les personnes intéressées, quand cela s’avère pertinent, en fonction des particularités rencontrées. Au rang de ces activités, figurent depuis un certain temps les « promenades familiales du dimanche après-midi », ainsi que, nouvelle tradition depuis 2013, les « promenades traditionnelles de Nouvel An » (voir BB n° 270, pp. 8-10).


2.6. Activités spéciales « enfants ». Depuis 2016, nous avons entrepris diverses activités spécialement pensées et organisées pour les enfants, « adultes non admis » !  Voir les comptes rendus dans les BB n° 289, p. 26 ; n° 292, p. 4 ; n° 298, p. 11.


2.7. Sessions d’été, mini-sessions de printemps et autres activités s’étendant sur plus d’une journée. Au cours de celles-ci, les observations naturalistes sont pluridisciplinaires, bien que mettant plus souvent l’accent sur la botanique, l’ornithologie ou l’entomologie. Au rang de ces périples, au cours de la période 2011 – 2018, nous pouvons épingler


Mini-session naturaliste dans les Vosges, 11-13 juin 2011 (J.-C. Lebrun). Voir BB n° 261, pp. 5-9.

Session naturaliste en Haute-Maurienne, 9-13 juillet 2012 (F. Moreau). Voir BB n° 267, pp. 7-11. Voir aussi Cahiers des NHL n° 1, novembre 2012 (A. d’Ocquier & F. Moreau).

Mini-session en Côte d’Opale et Boulonnais, 19-21 mai 2013 (G. De Heyn). Voir BB n° 272, pp. 10-15. Voir aussi Cahiers des NHL n° 3, novembre 2013 (G. De Heyn et coll. div.).

Week-end ornithologique au lac du Der, 16-17 novembre 2013 (M. Lecomte et M. Paquay). Voir BB n° 275, pp. 12-15.

Session d'été en pays de Seyne (Alpes de Haute- Provence), 29 juin – 5 juillet 2014 (G. De Heyn). Voir BB n° 279, pp. 8-11. Voir aussi Cahiers des NHL n° 5 (G. De Heyn et B. Overal).

Mini-session de printemps en Lorraine française dans la région de Dun-sur-Meuse, 1er – 3 mai 2015 (F. Van Den Abbeele, M. Paquay et C. Brenu). Voir BB n° 284, pp. 11-12.

Session d’été dans les Dolomites, 4-9 juillet 2016 (D. Tyteca). Voir BB n° 291, p. 11. Voir aussi Cahiers des NHL n° 7 (J.-P. Duvivier, F. Moreau, G. De Heyn, D. Tyteca).

Week-end ornithologique en Zélande, 25-26 février 2017 (O. Dugaillez et P. Brocard). Voir BB n° 295, pp. 6-10.

Prospections dans le Laonnois (Bassin Tertiaire Parisien), 3-5 juin 2017 (D. Tyteca). Voir BB n° 296, p. 35 ; n° 297, pp. 4-15.

Week-end ornithologique en Zélande, 16-18 février 2018 (O. Dugaillez et M. Lecomte). Voir BB n° 301, pp. 22-27.

Session d’été en Haute-Ardèche, 16-23 juin 2018 (D. Tyteca). Voir BB n° 303, p. 32. Un Cahier des NHL est en préparation.


2.8. Les activités de prospection. En plus des activités de sensibilisation et d’inventaire, et bien que la frontière soit floue avec celles-ci, notre programme contient toujours des sorties de prospection. Il peut s’agir de sorties « généralistes », au cours desquelles des spécialistes de diverses disciplines (ornithologie, botanique, …) ajoutent leurs connaissances en vue de la caractérisation la plus complète possible d’un territoire donné, mais ces sorties peuvent être aussi mono-disciplinaires (par exemple botanique), en fonction des personnes présentes.


Le plus souvent, nous prospectons des territoires peu connus de nos membres, qui peuvent être typiquement des Sites de Grand Intérêt Biologique (SGIB), pour lesquels nous manquons souvent de données pertinentes. Nous contribuons ainsi à l’enrichissement des bases de données de notre région.


Notons aussi que par rapport au passé, ces activités ont progressivement remplacé celles connues comme étant les « Inventaires de carrés I.F.B.L. », mais l’esprit est bien le même : au lieu de procéder par territoires délimités par des carrés, nous prospectons des sites, peu importe leur disposition au sein desdits carrés.


2.9. Les conférences et débats. Autres activités récurrentes de notre association, se déroulant surtout à la « mauvaise saison », les conférences et débats sont organisés sur une base régulière. Ils ont lieu, depuis le 4 juin 2017, dans les locaux du Laboratoire de la Vie Rurale de Sohier.


3. Les synergies avec nos associations sœurs


Les interactions avec certaines des associations qui œuvrent dans les mêmes domaines que nous ne manquent pas. A tout seigneur tout honneur, mentionnons d’abord les Naturalistes de Charleroi, pour des raisons historiques et du fait qu’un grand nombre de chez nous sont membres à Charleroi, et vice-versa. Les sorties communes avec Charleroi sont fréquentes, le plus souvent dans les domaines botanique et mycologique. Mais c’est surtout au niveau de nos sessions d’été et de printemps que la synergie est importante. Bien souvent, ces dernières années, c’étaient plutôt des membres de Charleroi qui organisaient ces voyages (voir point 2.7).


Avec Ardenne et Gaume et Natagora, parfois les Cercles des Naturalistes de Belgique, il y a quelques sorties communes, mais c’est surtout au niveau des gestions de réserves qu’il y a une synergie significative. Nous reparlerons des gestions un peu plus loin.


Avec Inter-Environnement Wallonie enfin, nous collaborons sur des questions en rapport avec les préoccupations environnementales (voir plus haut).

 

4. La conservation de la nature


4.1. Notre réserve naturelle du Cobri. C’est le 13 février 2015 que nous faisions l’acquisition, pour la première fois dans notre histoire, d’un petit territoire que nous souhaitions gérer dans la vision de la conservation de la nature. Ce territoire, d’une superficie de 1,53 hectares, improprement baptisé le « Cobri » (le Cobri proprement dit se trouve un peu plus loin en aval), se trouve dans le prolongement des Tiennes d’Aise nord et sud, érigés en Réserves Naturelles Domaniales. Depuis l’acquisition, nous y menons des activités qui font partie de notre programme, que ce soit en matière de prospection et d’inventaire, ou de gestion (voir BB n° 283, pp. 4-10 ; n° 285, pp. 7-9 ; …). Sur son petit territoire, cette réserve a l’avantage de présenter deux parties principales assez différentes, d’une part une pelouse calcicole entourée de fragments de chênaie-charmaie, d’autre part un fond humide avec une mare, actuellement planté de peupliers. De part et d’autre, nous tentons progressivement, avec nos modestes moyens, d’ouvrir la végétation de façon à contribuer au réseau de réserves comprenant des pelouses calcicoles et des zones humides.


4.2. Gestion des réserves. Bien que ceux d’entre nos membres qui participent aux gestions soient de moins en moins nombreux (et ce ne sont pas forcément les plus anciens qui manquent !  Ah, l’époque où nous étions trente au Tienne des Vignes, avec un bonne soupe bien chaude à la clé), nous tentons tant bien que mal de maintenir un programme de gestion des réserves, principalement des pelouses calcicoles. A côté du Cobri déjà mentionné, il y a d’abord le grand classique du Gros Tienne de Lavaux-Ste-Anne, où nous sommes intervenus chaque année depuis longtemps, et dont nous avons célébré le 20ème anniversaire de la gestion en 2015 (voir BB n° 283, pp. 12-14). Mentionnons aussi nos interventions, plus occasionnelles, dans la réserve de l’Abbaye Saint-Remy déjà mentionnée (voir point 1.1), le Tienne Saint-Inal de Han-sur-Lesse, la carrière de Resteigne, ou les bords du RAVeL à Ciergnon.


4.3. Interactions avec les organismes publics. Les interactions avec le DNF (Département de la Nature et de la Forêt) et le DEMNA (Département d’Etudes du Milieu Naturel et Agricole) de la Région wallonne sont fréquentes, que ce soit au niveau des activités de gestion déjà mentionnées, des activités d’inventaires et prospections, ou de participation à des commissions de gestion des Réserves Naturelles Domaniales. Les contacts sont le plus souvent cordiaux, mais il convient ici de mettre en exergue notre intervention « musclée », en 2015, suite aux actions destructrices menées sous la houlette du DNF et du DEMNA, en vue de la restauration de 30 hectares de pelouses calcicoles en Lesse et Lomme, menées de plus à une époque inappropriée (juillet) pour une partie d’entre elles. Cela nous a valu une volée de bois vert, mais depuis les explications ont eu lieu et les choses se sont aplanies (voir BB n° 290, pp. 25-27 ; n° 304, pp. 22-24).


5. Autres faits marquants de la période


5.1. L’inauguration de notre local, au Laboratoire de la Vie Rurale de Sohier. Le 4 juin 2017, nous inaugurions, en présence du Ministre René Collin et de la Bourgmestre Anne Bughin, notre local (en fait deux locaux) dans le bâtiment du Laboratoire de la Vie Rurale à Sohier (voir BB n° 296, pp. 40-41). Cela constitue l’épilogue de longues tractations et péripéties, mais le résultat est là !  Depuis lors, les réunions (ordinaires et extraordinaires) du comité et de la Commission Permanente de l’Environnement s’y déroulent. Nous avons aussi accès à la « grande salle » du 1er étage pour y organiser nos conférences. Dans ce cadre, nous bénéficions aussi d’un appui précieux de l’Office du Tourisme de la commune de Wellin, qui assure un relais via la communication de nos activités destinées au « grand public », contribuant ainsi aux activités de sensibilisation.


5.2. La revue et le site internet. Depuis 2008, Marie Hélène Novak s’acquitte de la lourde tâche de rédactrice de notre revue Les Barbouillons. Celle-ci a bien évolué depuis sa création !  Elle se présente actuellement sous la forme de six fascicules par an, souvent épais (jusqu’à 60 pages !), la plupart illustrés de photos couleur.


Dans la foulée, dès la fin de l’année 2017, Marie Hélène a repris le site internet de l’association, que je maintenais en vie tant bien que mal depuis 2008 … Mais à la fin, il était bien moribond !  La nouvelle mouture de Marie Hélène est éclatante ; le site est maintenant particulièrement alléchant et bien structuré !


Malheureusement … Marie Hélène a dû nous quitter, et parmi les nombreux défis qui se poseront au nouveau comité, la tâche lui incombera de reprendre en main revue et site …


Les Cahiers des Naturalistes de la Haute-Lesse ont été inaugurés en novembre 2012. Cette nouvelle série, destinée à publier des travaux trop conséquents pour pouvoir paraître dans Les Barbouillons, s’est depuis lors étoffée, mais a tendance à s’essouffler en fin période (1 n° en 2012 ; 2 n° en 2013 ; 2 n° en 2014 ; 2 n° en 2015 ; 1 n° en 2016 ; 0 n° en 2017 et 2018 !). Pensez à cette possibilité, et n’hésitez pas à soumettre tout travail que vous jugez digne de publication au Comité !


5.3. Reprise de contact avec le Domaine des Grottes de Han. Le monde et les temps changent !  Autrefois ennemi vilipendé, parce qu’ayant soustrait aux naturalistes et habitants du grand Rochefort des territoires particulièrement choyés, au rang desquels figure le célèbre Gouffre de Belvaux, le Domaine des Grottes de Han a bien évolué, mettant la conservation de la nature et l’éducation du public au rang de ses priorités, parmi lesquelles figure, bien évidemment, un souci bien légitime de rentabilité économique. Nous avons donc, à l’instar d’autres associations de conservation de la nature (Natagora), ré-établi des contacts, qui se sont matérialisés, d’une part, par une conférence – débat donnée par Anthony Kohler, responsable-adjoint du Domaine, en nos locaux de Sohier (le 11 novembre 2017 : voir BB n° 299, p. 13), et d’autre part par une visite dans le domaine, en des endroits que nous n’avions plus parcourus depuis près de 50 ans (le 7 avril 2018 : voir BB n° 301, pp. 43-46) !


5.4. 50 ans de l’association. Enfin, n’oublions pas que cette année 2018 constitue le 50ème anniversaire des Naturalistes de la Haute-Lesse. Tout au long de l’année, des activités sont placées sous ce chapeau. Les divers Barbouillons de 2018 en témoignent. Cette célébration culmine au jour anniversaire (à un jour près), le 24 novembre 2018, par un colloque « 50 ans de Naturalisme en Haute-Lesse – Bilan et perspectives », organisé au Laboratoire de la Vie Rurale à Sohier.


L’évolution de notre association, en chiffres et en faits


1. Statistiques


Reprenant une habitude prise dès le début de ma présidence – et anticipant quelque peu sur l’Assemblée générale de janvier 2019 ! – je fournis ci-dessous des graphiques qui reflètent l’évolution de notre association sur la période 2011 – 2018. Une autre statistique, qui jusqu’ici n’avait été fournie que comme donnée annuelle isolée, concerne le nombre de membres cotisants, dont l’évolution est fournie dans le tableau ci-dessous.


La légère augmentation que l’on observe pour certains paramètres pour l’année 2018 provient vraisemblablement de l’effet « 50 ans », de la prise en compte de la formation ornitho, et peut-être de la mise en place du nouveau site internet. A part cela, grosso modo, ce qu’on peut retirer de ces données est une assez bonne stabilité sur l’ensemble de la période, à une exception près : le nombre de pages publiées dans les Barbouillons s’envole littéralement (sans compter les Cahiers !). Mais pour 2018, cela est dû en grande partie aux rétrospectives « présidents », encore un effet « 50 ans » !

Sur base de ces données, on ne peut donc pas dire que le dynamisme de l’association s’effondre, comme certains ont tendance à le proclamer. Je reviendrai sur ce point un peu plus loin.


2. Reconnaissance de notre association


Les Naturalistes de la Haute-Lesse sont reconnus depuis un certain nombre d’années comme association contribuant à l’éducation permanente par la Fédération Wallonie – Bruxelles et bénéficie à ce titre d’un soutien financier non négligeable.


Outre cela, le 5 novembre 2015, nous recevions la nouvelle selon laquelle les Naturalistes de la Haute-Lesse étaient officiellement reconnus en tant qu'association environnementale dans la catégorie « régionale », « au sens du Livre 1er du Code de l'Environnement » de la Région wallonne. Cette reconnaissance vaut pour une durée de six ans, à partir du 1er janvier 2016. Elle devrait nous donner accès à une subsidiation par la Région.


Enfin, de façon régulière, sur une base annuelle, nous recevons un subside du Cabinet du Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme et du Patrimoine pour la Région wallonne, en vue de couvrir certains frais liés à nos activités, notamment en vue de la publication des Barbouillons.


3. Crises


Nonobstant ces données qui reflètent une santé globalement bonne, des discussions intenses se sont fait jour au cours des quelques dernières années. J’en ai déjà touché mot dans l’introduction de cette rétrospective.


Il y a d’une part le vieillissement inexorable de l’association : nos activités, toujours conçues dans la foulée des décennies précédentes, ne correspondent plus aux aspirations de la jeunesse, en recherche d’identité et confrontée à des sollicitations de toute part.


Il y a par ailleurs le fait qu’une partie de nos membres, dont certains de la première heure, perçoivent un déséquilibre de nos activités en faveur de la défense de l’environnement, et au détriment des activités « purement naturalistes ». Certains vont même jusqu’à déclarer qu’« il n’y a pas de relève naturaliste fondamentale » et que l’association « ne répond plus à [leurs] espoirs ».


J’ai essayé de montrer, dans les sections qui précèdent, que le naturalisme « pur et dur » était toujours bien vivant, dans le chef de plusieurs membres dont je suis, mais qu’il fallait agir en équilibre avec les autres missions de notre groupement : les trois missions sont fondamentales et complémentaires.


Je défends aussi l’idée qu’une association « est ce que les membres en font ». J’ai personnellement toujours veillé à ce que chacun fasse entendre sa voix, et suis opposé à ce que telle ou telle tendance impose ses choix aux autres.


Il n’empêche qu’arrivés à ce stade, une profonde réflexion sur notre identité et nos aspirations est fondamentale. Elle a été initiée au cours du colloque des 50 ans de notre association, le 24 novembre 2018. A tous les membres, à l’Assemblée générale, et au Comité qui sera mis en place à l’issue de celle-ci, incombe la tâche de définir une série d’objectifs clairs et de s’y tenir.


4. Remerciements au Comité et aux membres


Pour terminer, je voudrais vous dire à tous combien je vous remercie, combien je vous apprécie, et combien l’association vous doit. Je ne vais pas tenter d’élaborer une liste de personnes, qui sera forcément incomplète, en raison des défaillances de ma mémoire vieillissante.


A mes amis du Comité d’abord : comme je l’ai dit en introduction, celui-ci a connu quelques remous, spécialement au cours de la période 2016 – 2017, mais j’ose espérer que c’est pour la bonne cause et que nous sommes repartis du bon pied.


A vous tous, dont beaucoup n’ont jamais fait partie du Comité, ou y ont figuré beaucoup trop brièvement, pour certains d’entre eux parce qu’ils.elles n’ont pas voulu ou pas pu en être, pour toutes sortes de raisons plus valables les unes que les autres. Certains d’entre vous ont joué un rôle essentiel, que ce soit dans l’organisation d’activités, dans la préparation de dossiers, dans l’accomplissement de tâches administratives diverses …


A tous, merci !  Et à vous voir nombreux et vaillants au cours des prochaines années, pour de nouvelles aventures !


© Daniel Tyteca

Un naturaliste d’entre les naturalistes de la première heure : Marc Paquay. Pondrôme, 22 juillet 2012.

© Daniel Tyteca

Les Naturalistes à l’ouvrage.

Grand Quarti, 7 septembre 2013.

© Daniel Tyteca

Nos deux guides à la sortie historico – géologique à la Citadelle de Namur,

Jean-Louis Giot et Jean Leurquin,

26 novembre 2011.

© Daniel Tyteca

Bruno Marée nous explique les fouilles à l’Ermitage de Resteigne. 11 octobre 2014.

© Daniel Tyteca

La gestion du Gros Tienne de

Lavaux-Ste-Anne à travers les âges

2 mars 2013

© Daniel Tyteca

14 décembre 2014

© Daniel Tyteca

22 janvier 2017

© Daniel Tyteca

Jean Leurquin, André Lambeau, Jean-Claude Lebrun, Mirwart, 23 avril 2011.